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Letters from: Proudhon, P-J. (1875) Correspondance de P.-J. Proudhon; Tome Troisiéme Librairie Internationale; Paris.

De P.-J. Proudhon
A MM. Darimon et Ch. Edmond
26 février 1850
Vol. 3, p.136-142

Mes chers amis, Considérant a raison. Tandis que vous vous absorbez dans les détails, vous négligez l’essentiel. Il ne s’agit bientôt plus de savoir à que des instituteurs laïques ou des jésuites, sera confiée l’éducation de nos enfants, mais bien si l’inviolabilité du nom français sera respectée ; si dans six mois il existera une France ou non. C’est de ce côté, croyez-moi, qu’il faut désormais diriger l’esprit des électeurs, surtout des électeurs de l’armée.

Le Siècle a posé en ces termes la question électorale : République ou Monarchie. La Voix du Peuple, actualisant la formule, a dit : Respect à la Constitution ou coup d’État.

Les candidats de la démocratie, brodant sur ce thème, nous ont donné, chacun suivant la signification attachée à sa candidature, leur variante :

Carnot, l’Université ou les Jésuites ;
De Flotte, le jury ou les conseils de guerre ;
Vidal, la discussion du socialisme ou son extermination.

Déjà vous avez vu les organes de la réaction, effrayés de ce dilemme électoral, protester, que de son dévouement à la République, que de son horreur pour le coup d’État.

Mais l’armée reste indifférente a toutes ces disputes ; l’armée n’entend rien aux distinctions de droit civil et de droit canon ; de suprématie du suffrage universel ou de la République ; de pédants en robe ou en habit.

L’armée ne connaît que ces mots : Honneur et Patrie.

Posez don au nom de Dieu la question électorale sur cette alternative intelligible : le Pays ou l’Étranger.

Eh quoi ! la Russie a 900,000 hommes sous les armes ; l’Autriche 600,000 ; la Prusse et la Confédération germanique 800,000 ; total 2,300,000 hommes ; nous, au contraire, que payons pour une armée régulière et permanente de 400,000 hommes, nous n’en avons peut-être pas 60,000 disponibles. La meilleure part est en Algérie et à Rome. Toutes nos gardes nationales désarmées. Nos arsenaux sont-ils pleins ? notre cavalerie est-elle montée ? nos citadelles sont-elles en état ? Et nous bataillons pour savoir si nous ferons fesser nos mioches par des ignorantins ou des élèves de l’École normale ?

Il faut sonner le tocsin et donner l’alarme au pays. Il faut que le gouvernement, à peine de suspicion, se hâte de reformer, d’armer et d’exercer les gardes nationaux ; d’organiser les corps francs ; de mettre le pays tout entier sur le pied de guerre.

Donnez-lui dès demain cet énergique et dernier avertissement ; à force de rétrograder devant la démocratie, de vous livrer aux égoïstes, aux doctrinaires, aux juifs, aux jésuites, aux absolutistes, d’enchaîner toutes les libertés, d’imiter tous les instincts populaires, vous en êtes venus à vous mettre dans la nécessité, pour vous maintenir au pouvoir, de trahir votre partie et de pactiser avec l’étranger.

Oui nous sommes exactement dans la même situation qu’en août 1792. Tandis que la coalition s’avance, le gouvernement conspire, intrigue avec les gouvernements étrangers, néglige l’équipement de nos flottes, l’armement de nos forteresses, l’éducation militaire du pays. Le président passe des revues, exclusivement préoccupé de sa fringale impériale ; les ministres, ses commis, travaillent, qui pour Henri V, qui pour le comte de Paris ; on se prépare pour une restauration monarchique, accomplie avec le secours des baïonnettes étrangères, on ne fait rien pour la défense du pays et l’honneur du drapeau national. La France est vendue par ses gouvernants ; que du moins si cette bande de scélérats ne peut être ramenée à la pudeur et au devoir, le peuple soit averti ; que le cri de guerre poussé par la presse retentisse jusque dans les dernières baraques de paysan. Et les Jacques se levant en masse contre les Autrichiens et les Cosaques, sauveront, comme en 92, le pays et la nationalité.

Je vous en conjure dont, mes chers amis, ne perdez pas un instant. Ne fût-ce que comme machine électorale, hâtez-vous de mettre en branle la grosse cloche d ;alarme ; que tous les jours reviennent sur un mode nouveau la formule de 92 : La patrie est en danger ! Nous avons le temps de faire de l’Économie politique et du socialisme, faisons un peu de nationalité.

Je prie instamment Charles Edmond de copier en entier le discours de Vergniaud, prononcé quelque temps avant le 10 août, et d’y joindre le commentaire de M. Thiers, Histoire de la Révolution : « O roi, qui avez cru avec le tyran Lysandre, etc. » Faites un article sur ces notes ; que la Voix du Peuple se signale entre tous les journaux par ses accents belliqueux et patriotiques. Le moment est venu ; ce n’est pas de philosophie que nous avons besoin, c’est de patriotisme.

Nous avons marqué l’horizon révolutionnaire pour le XIXe siècle. La démagogie dansera, polkera, fera ses saturnales de ce côté de la linge ; elle n’ira pas au delà. Le peuple veut tâter du communisme, c’est son droit. Laissons faire, lâchons bride. Bornons-nous à rassurer la bourgeoisie, afin de rendre plus général et plus formidable l’élan révolutionnaire.

Je voudrais travailler, je n’en ai pas la force. Je n’aurai de repos que quand je verrai toutes les bouches démocratiques crier au pouvoir : Aux armes ! et à bas les traîtres !

Entendez-vous avec vos confrères, et que la démocratie tout entière s’ébranle comme un seul homme.

Salut fraternel.

P.-J. Proudhon.

P.-S. Il y a ici une nommé Duhamel, de son pseudonyme Junius, poursuivi pour les affaires de juin 1848 et que se plaint que la Voix du Peuple est le seul journal républicain qui n’ait pas voulu pas annoncer sa brochure, la Ménippée nouvelle, satire, sociale, et son arrestation. Junius ou Duhamel est très-connu d’Arsène Meunier.

Depuis cinq ou six jours je n’ai pas d’épreuves.
Ch. Edmond viendra-t-il me voir bientôt ?

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