Lettre d'Elisée à Cattelin, sur la mort de Clément Duval, g1n1ral de la Commune (*).
Nous cheminions sur la route de Versailles, cinq par cinq, gardés de chaque côté par deux cadres de fantassins et de hussards. En face, on voyait arrêté un groupe de cavaliers étincelants: c'étaient Vinoy et son état-major.
La colonne s'arrête. Nous entendons des paroles violentes, un ordre de mort. Trois des nôtres, entourés d'une troupe de soldats, franchissent lentement un ponceau qui relie à la route un pré entouré de haies et limité à l'est par une maisonnette portant l'enseigne:
Duval, horticulteur.
Nos trois amis s'alignent à 20 pas de la maison, ils montrent leur poitrine et relévent la tête:
Vive la Commune! Les bourreaux sont en face. Je les vois un instant cachés par la fumée et deux de nos camarades tombent sur la face. Le trouisiéme chancelle comme s'il allait tomber aussi du même côté, puis se redressant, il oscille de nouveau et se renverse face au ciel.
C'était Duval. Un des fusilleurs se précipite sur lui, arrache les bottes à l'homme qui frémmissait triomphale à travers les rues de Versailles, le soldat fait parade de son butin.....
(*) Lettre reproduite dans les Mémoires inédits du chef de la Sûreté sous la Commune, par P. Cattelin, Paris, s. d. 1900.
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