C'est une lettre de Proudhon, où il demande changer des chambres dans la Conciergerie
Pour voir en anglais, poussez ici
A M. Le Procureur De La République 1
Conciergerie, 23 juin 1849
Monsieur le Procureur de la République, permettez-moi de m'adresser à vous pour obtenir ma réintégration dans la chambre que m'avait destinée la bienveillance de M. Rebillot, préfet de police, et d'où l'arrivée des représentants arrètés le 13 juin m'a fait extraire depuis huit jours.
Le secret qui pesait d'abord sur les prévenus est presque entièrement levé ils communiquent ensemble du matin au soir; ils reçoivent le Moniteur; et il est à présumer que bientôt il leur sera permis de recevoir leurs parents et amis. Je n'ai donc à faire aucune commission de l'un à l'autre; je n'aurai pas davantage à leur apprendre rien, ni de l'Assemblée nationale, ni des tribanaux, ni des actes du gouvernemnet, ni des nouvelles de l'intérieur et de l'étranger. La presse démocratique et sociale est supprimée; le danger est nul encore de ce côté-là. Quant aux personnes qui me viennent voir, je déclare en toute sincérité que ce sont toutes personnes intimes, qui ne me viennent voir que pour relations d'amitié et d'affaires, et qui à coup sûr ne se chargeraient d'aucune commission qui pourrait compromettre leur repos ou le mien. Pour plus de sûreté, enfin, je consens à ce qu'aucune permission nouvelle de visite ne soit donnée à mon intention, jusqu'au jour où mes nouveaux compagnons de captivité seron rentrés dans la liberté de leurs communications.
J'attends, Monsieur, votre décision pour faire venir mes livres, papiers et autres objets dont j'ai besoin pour me remettre au travail, seul moyen de ne pas périr d'ennui et de consomption dans un cachot. Vous connaissez trop, Monsieur, le prix de l'étude, sa puissance hygiénique et moralisante, pour vouloir prolonger la souffrance d'un homme à qui les habitudes de toute sa vie ont fait un besoin du travail, et à qui sa retraite forcée le rend plus que jamais nécessaire.
Dans l'espoir d'une réponse favorable, je vous présente, Monsieur le Procureur de la République, mes très-respectueuses salutations.
P.-J. PROUDHON
1. Proudhon, P.-J. (1875)Correspondances Troisième Tome pp.8-9 Paris: Libraire Internationale.
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