C'est une lettre que Proudhon a érit à son ami, M. De Giradin. Il dirait qu'on doit subir avec les idées des ennemis pour reussir à la Révolution.
Pour voir en anglais, poussez ici.
A. M DE GIRADIN1
Conciergerie, 22 janvier 1851.
Monsieur et ancien collègue, d'après notre conversation d'hier, au moment où quelques ambitieux s'efforcent de jeter de nouvea la division dans nos rangs, je crois utile de vous déclarer ici, de la manière la plus expresse, toute ma pensée.
Nous appuierons, mes amis et moi, et nobre de citoyens appuieront avec nous, nous défendrons, même en discutant des actes, contre les entreprises des partis et des sectes, tout ministère tépublicain, qui après avoir donné à l'ordre de choses fondé en Février les gages voulus par les circonstances de sa formation, marchera fidèlement dans la voie tracée par la Constitution, prendra pour règle de sa politique, l'opinion librement manifestée du pays et s'abstiendra, dans son gouvernement de toute initiative sur les points fondamentaux de l'organisation politique et de l'économie sociale.
Notre oeuvre, à nous publicistes, est de préparer l'opinion;--l'oeuvre du gouvernement est d'en suivre le décret. C'est ainsi que nous entendons la République et la révolution.
Certes, nous croyons avoir pour nous la vérité mais si nous ne prétendons pas imposer nos idées aux autres, nous sommes bien décidés aussi à ne pas souffrir que d'autres nous imposent les leurs
Révolutionnaires avant tout, mais révolutionnaires républicains, c'est-à-dire par en bas, nous demandons la plus grand liberté de discussion, afin d'assurer au peuple la plus grande liberté d'acceptation. Nos ennemis, sachez-le bien, nous seuls ennemis, sont tous ceux qui empêchent de discuter, ou qui, sans discuter, nous forcent de subir leur bon plaisir pour loi.
«Tout ministère qui suivra cetter politique si simple est sûr de vivre et n'aura rien à redouter de nos attaques, alors mêmeme qu'il aurait à essuyer nos critiques. Dans ces conditions, les crises politiques nous paraissent, sans raison d'être, le gouvernement facile, l'ordre et les progrè assuré
«Vous pouvez, selon le besoin, faire part de ceci à qui de droit: c'est l'alpha et l'oméga de notre foi comme de notre ambition. »
Je vous serre la main.
P.-J. PROUDHON.
N. B. Cette lettre a été écrite en vue de faciliter l'avènement d'un MINISTÉRE DE TRANSITION républicain et démocratique, elle n'a de valeur que par là elle pourrait n'exprimer plus la pensée de l'auteur si les circonstances devenaient autres et si la situation tournait davantage à la révolution.
1. Proudhon, P-.J. (1875) Correspondance Tome Quatrième, pp. 26-27. Paris: Libraire Internationale
Return to top
Return to Proudhon's Collected Works
Return to Proudhon's letters
|