C'est une lettre que Proudhon a écrit à un ami qui était artiste. Bien qu'elle soit une letter plus personnelle que politique, elle demontre la personalité de Proudhon et aussi qu'elle nous donnait de ses créances personnelles et philosophiques.
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A M. ETEX1
Conciergerie, 14 janivier 1851
Mon cher Etex, je viens vous remercier de l'envoi que vous avez bien voulu me faire de voutre Cours élémentaire de dessin. Vous vous êtes souvenu que j'adore le dessin, que je suis fou de la beauté et de la pureté des lignes, comme je suis idolâtre de la mélodie dans la musique.
C'est peut-être cette disposition de mon esprit que me rend indifférent à tant d'oeuvres de peinture et de statuaire qui, cependant, à en croire les connaisseurs, ne manquent pas de mérite L ce qui fait que je reste insensible à quantité de compositions musicales où l'harmonie, assure-t-on, et la science abondent, mais qui, à mon oreille, ne chantent pas.
Encore une fois, je vous remercie d'avoir si bien pensé de moi et d'avoir cru que je pourrais me plaire à la lecture de vos préceptes et à l'examen de vos exemples.
Comment se porte Mme Etex? Que faites-vous vous-même? Où en êtres-vous? Aprés avoir fait de la grande sculpture et vous être essayé dans la pienture révolutionnaire, vous voilà devenu professeur de dessin et auteur. Où vous arrêterez-vous? Quels sont vos plans?
Avez-vous envoyé quelque chose d'important à l'Exposition? J'entends dire que vous n'avez pas craint d'y étaler mon ingrate figure, ce qui attire à l'original, dont l'amour-propre s'en rit, et à l'artiste que n'en peut mais, force critiques désobligeantes. Mon cher sculpteur, ce n'est pas le tout de savoir pétrir l'argile et tailler le marbre, il faut encore, vous le voyez, choisir des sujets qui soient agréables au public. Le Président de la République n'est pas plus beau que moi, ce qui veut dire qu'il est fort laid.
Envoyez son buste à l'Exposition, je suis sûr qu'il trouvera des admirateurs. Depuis huit jours, le troupeau a dû s'en pultiplier prodigieusement. Le National même n'a pas pu lui refuser le tribut de son admiration.
Mon cher Etex, vous avez assez souffert comme cela de ma rencontre dans ce monde. Faites-moi le plaisir d'aller prendre ce maudit plâtre, que je vous demanderai quelque jour, si jamais, rendu à la liberté, je puis conquérir pour moi et les miens, par mon travail, un peu d'aisance et récompenser votre sèle pour ma renommée. Otez-le de là, vous dis-je, sinon je voous en préviens, je sollcite une permission de sortie, et j'irai moi-même gratter, avec mon couteau, nez, oeil, beouche, front, tout ce qui, enfin, pouura me faire reconnaître, jusqu'au nom et au numéro.
Donnez, je vous prie, à ma modestie, ou si vous aimez mieux, à ma captivité, à qui la modestie peut seule convenir, cette petite satasifaction.
Vous obligerez essentiellement celui qui, à l'estime la plus sincère, joint la sympathie et la reconnaissance la plus vive.
P.-J. PROUDHON
1.Proudhon, P.-J. (1875) Correspondance Tome Quatrième pp. 17-18 Paris: Librairie Internationale
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